Éthéréalité

Origine : Québec

Genre : Exposition rétrospective

Artiste

Sabrina Ratté

Lieu

salle Multi
591 Rue Saint-Vallier E
Québec, QC, G1K 3P9

Gratuit !
Dates

13 au 23 février

Vernissage 13 février 17h

Dimanche au mercredi
11h à 18h


Jeudi au samedi
12h à 20h


Description

L’exposition Éthéréalité établit des connexions entre les œuvres récentes de Sabrina Ratté qui explorent la convergence entre technologie et biologie, l’interaction entre matérialité, virtualité et spiritualité, et l’évolution spéculative de notre environnement. Dans ce contexte, Objets-monde (2022), Terraforma (2022), Inflorescences (2023), Plane of Incidence (2024) et Cyberdelia (2024) examinent les complexités du concept d’Anthropocène sous divers angles. Éthéréalité dépeint un monde où des vestiges oubliés continuent d’évoluer et de forger de nouvelles relations avec l’écosystème. À travers une fusion de perspectives esthétiques, poétiques et philosophiques, son œuvre met en avant l’intuition, la réflexion et la connexion sensible comme moyens d’aborder ces enjeux.

Œuvres exposées 

Objets-Monde (2022)

Installation interactive

Objets-Monde explore l’impact de l’activité humaine sur l’environnement en intégrant des vestiges technologiques abandonnés dans des paysages virtuels. Grâce à la photogrammétrie, des carcasses de voitures et des écrans d’ordinateur sont transformés en répliques numériques, puis recontextualisés dans des vidéos où leur échelle démesurée évoque des architectures monumentales. Ces fragments, suspendus dans des paysages distants et lumineux, évoque une tension entre apocalyptique et nostalgique, valeur et déchet, nature idéalisée et empreinte humaine durable. Inspirée du concept d’« objets-monde » de Michel Serres, l’œuvre souligne le passage des impacts humains de l’échelle locale à globale, invitant le visiteur à interagir autour de ces vestiges d’un monde recomposé.

Inflorescences (2023)

Installation

Inflorescences imagine un futur hypothétique où plantes, champignons et créatures inconnues mutent pour coexister avec des déchets électroniques, transformant des rebuts inertes en sources de nouvelles relations écologiques. L’installation explore l’idée d’un monde sans humains, façonné par les vestiges de leur activité. Les vidéos présentent des organismes hybrides et imprévisibles, aux formes évoquant des mutations florales ou fongiques, émergeant des textures et matériaux des objets abandonnés. Ces visions dialoguent avec quatre sculptures réalisées à partir de déchets électroniques qui ont été scannés pour la vidéo, intégrant écrans et lumières qui évoquent les entités imaginées. Inflorescences propose une réflexion sur l’évolution des écosystèmes à l’ère de l’Anthropocène, où le vivant et le non-vivant s’hybrident pour redéfinir le futur.

Terraforma (2022)

Installation multimédia

Terraforma est une installation multimédia qui interroge diverses notions de temporalité et de spatialité, telles que l’ubiquité, la relativité, les continents imaginaires, ainsi que les interactions entre les réalités virtuelle et physique. Issue d’un projet immersif réunissant 12 vidéos interactives, la sculpture exposée prend la forme d’une topographie imprimée en 3D, conçue à partir de données satellites. Cette structure est enrichie par un mapping vidéo, créant une expérience où le numérique et le tangible se rencontrent.

Monades (2020)

Impressions

Monades s’inscrit dans la recherche de l’artiste autour de la photogrammétrie, technique qui permet de numériser des éléments du réel pour les intégrer au sein d’environnements virtuels. Cette série de 4 impressions, réalisées à partir de scans et d’animation 3D, intègre pour la première fois le corps de l’artiste dans une de ses œuvres. Ce corps modélisé devient la matière première à sculpter, déconstruire et recontextualiser. De nombreuses inspirations ont nourri ce projet, comme le concept du cyborg de Donna J. Haraway, les dessins de Hans Bellmer, la mythologie grecque ainsi que le concept de monadologie de Gottfried Wilhelm Leibniz. On y retrouve également une réflexion sous-jacente sur l’autoportrait et la place du corps dans le monde numérique. Captives dans les limites de leurs propres subjectivités, ces cyborgs/déesses incarnent le concept de monade, où chaque individu est un miroir fragmenté d’une réalité plus vaste.

Cyberdelia (2024)

Installation interactive

Cyberdelia a été conçu lors d’une résidence artistique au centre Sporobole pour explorer les potentialités créatives de l’intelligence artificielle. L’installation se compose de 22 vidéos accompagnées de paysages sonores co-composés avec une IA par Roger Tellier-Craig, ainsi que de 22 cartes inspirées des arcanes majeurs du tarot. Les visiteurs sont invités à consulter l’oracle en choisissant une carte qu’ils placent sur un lecteur, déclenchant la projection de la vidéo correspondante. Cette interaction offre une nouvelle perspective sur la question posée, mêlant hasard et intention dans un dialogue avec l’inconnu.

Le projet interroge notre relation à l’IA et sa capacité à refléter les projections psychologiques humaines. Son titre évoque un paysage mental façonné par l’interaction entre l’humain et la machine, tout en rendant hommage à la cyberculture des années 1980-1990, où la technologie était envisagée comme un moyen de transcender l’espace, le temps et la matérialité. En intégrant les transformations imprévisibles générées par l’IA tout en maintenant l’esthétique de l’artsite, l’œuvre révèle des visions à la fois sublimes et troublantes d’un avenir marqué par les enjeux de l’Anthropocène. Cyberdelia aspire à réenchanter le réel en tissant des liens entre technologie et nature, destin individuel et expérience collective.

Plane of Incidence (2024)

Vidéos

Plane of Incidence étudie les notions d’objet, du vivant et de l’évolution spéculative en s’inspirant librement des liens qui les relient tels que l’agentivité des objets, l’animisme et le concept d’ Interliving de Lynn Margulis. Des objets abandonnés, découverts au hasard des rues de Montréal et de Marseille, ont été numérisés et insérés dans des environnements virtuels, où ils fusionnent avec le vivant, évoluant en de nouvelles formes de vie. Le projet s’inspire également de la notion d’évolution spéculative, imaginant des tangentes imprévisibles de la vie qui peuvent à la fois éblouir et annihiler.


Biographie

Sabrina Ratté est une artiste canadienne basée à Montréal. Elle crée des écosystèmes qui évoluent au sein d’installations interactives, de séries de vidéos, d’impressions numériques, de sculptures ou de réalité virtuelle. Influencées par la science-fiction, la philosophie et diverses textes théoriques, ses œuvres explorent la convergence de la technologie et de la biologie, l’interaction entre la matérialité et la virtualité, ainsi que l’évolution spéculative de notre environnement.

Son travail a été exposé dans des institutions telles que le musée Laforet à Tokyo, le Musée des beaux-arts de Montréal, le Centre Pompidou à Paris, le Centre PHI à Montréal, le Chronus Art Center à Shanghai, le musée Max Ernst à Brühl et le Museum of the Moving Image à New York. Elle a présenté des expositions personnelles à la Gaîté Lyrique à Paris, Fotografiska à Shanghai, et à l’Arsenal Contemporary Art à Montréal et à New York. Notamment, son travail fait partie de la collection du Musée d’art contemporain de Montréal. Ratté a été présélectionnée pour le prix Sobey Art Award au Canada en 2019 et a fait partie des finalistes en 2020.

Crédits

Photos : Sabrina Ratté