En ce début de 21e siècle, notre relation au corps semble brouillée. Chacun·e seul·e dans ses cases, nous avons vécu, ces dernières années, une épreuve particulièrement exigeante qui a bousculé nos rapports sociaux. Le corps s’est retrouvé prisonnier à l’intérieur, certes, mais prisonnier également d’un harnachement au monde virtuel.

Trop souvent, nous oublions que nous avons un corps. Pourtant, ce véhicule transportant notre esprit se révèle le lieu premier de la conscience. Dans cette perspective, nous saisissons une occasion d’explorer notre rapport au corps, parfois par la technologie, oui, mais aussi par les questions que nous voulons soulever concernant celui-ci.

Corps anesthésié, corps modifié, corps amputé, corps ludique, corps criant, corps souffrant, corps réanimé, corps approprié, corps… corps… corps… Autant de relations au corps que de situations, que d’individus. Nous mettons chaque jour nos corps en jeu. En traversant la rue, en faisant l’amour, en le comparant, en le nourrissant ou en le privant, notamment. Cet élément politique que représente le corps se montre fondamental en art vivant. Notre lien au monde, et donc à l’art, passe inévitablement par les sensations du corps : la vue, l’ouïe, le toucher…

La suite de spectacles et d’expositions de la programmation propose ici des expériences à vivre qui questionnent notre relation au corps et mettent en lumière les enjeux qu’il traverse. Plusieurs des œuvres à l’honneur placent le corps en composante centrale, ou du moins comme un outil permettant le jeu. Elles portent à notre attention la fragilité du corps, sa force, mais aussi sa présence comme effet altérant de l’espace, à l’instar du temps et de ses effets altérant le corps à son tour. De la prouesse physique à la dépossession de soi, en passant par ce qui bouillonne entre les êtres, la 26e édition du Mois Multi sous la thématique CORPS EN.JEU.X appelle à la narration du corps à la fois dans la douceur et la brutalité.

Christian Lapointe

Commissaire du Mois Multi

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